Interview : médecin du travail, un professionnel de santé aux compétences variées
Chez les étudiants en médecine, la spécialité demeure méconnue et donc peu choisie. Pourtant, ceux qui franchissent le pas ne le regrettent pas, à l'image du Dr Virginie Blot, médecin du travail au CMTI 06, service de santé au travail interentreprises du réseau Présanse Paca-Corse. Au coeur du dispositif de prévention des risques professionnels, cette jeune médecin, diplômée depuis 2 ans de la Faculté de Nice, est passionnée par son métier. Soucieuse de faire tomber les préjugés et de porter le message d'une médecine du travail moderne, elle a accepté de répondre à nos questions.
Dr Blot, pourquoi êtes-vous devenu médecin du travail ? Quelles ont été vos motivations pour choisir cette spécialité ?
Il est vrai que durant mes études, je n’avais jamais pensé m’orienter vers cette spécialité. On est très peu formé, ou en tout cas, elle n’est pas assez mise en valeur. C’est au moment des choix pour l’internat que j’ai cherché des renseignements sur la médecine du travail. En me documentant sur des sites officiels, j'ai réalisé qu'en étant médecin du travail, j'allais toucher à des disciplines très variées.
Il y a moins de diversité dans les autres médecines ?
En médecine du travail, on dépasse l'aspect médical. Par exemple, j’ai dû m’informer sur tout un aspect réglementaire notamment le droit social, le code du travail. On doit aussi avoir des notions d’ergonomie, de toxicologie. De plus, j'ai choisi de travailler au sein d'un service de santé au travail interentreprises, ce qui rajoute de la diversité comparé à un service autonome. J'interviens auprès de salariés issus d'entreprises de toutes tailles et de tous secteurs : pharmacie, théâtre, hôpital et même une société de chemin de fer. Le champ d'application est vaste, c'est passionnant. Je ne regrette vraiment pas mon choix.
Cette ouverture doit nécessiter un sens du relationnel poussé ?
Oui, car on rencontre des gens de tous horizons. Le médecin du travail conseille les entreprises, les employeurs et les salariés. Il y a une part importante de psychologie.
En quelques mots, comment définiriez-vous votre rôle en tant que médecin du travail ?
Le médecin du travail est généralement défini comme le coordinateur d'une équipe pluridisciplinaire et c'est vrai. Mais pour ma part, je me vois avant tout comme le membre d'une équipe, dans laquelle il y a un véritable échange de connaissances. Par exemple, j'apprends tous les jours de mes collègues IPRP (intervenant en prévention des risques professionnels), AST (assistant en santé au travail), psychologue du travail... Ce qui prime, c'est la communication entre les différents individus de cette équipe, pour atteindre un but commun, celui de veiller à la bonne santé des salariés et de conseiller au mieux les entreprises dans la prévention des risques professionnels.
C'est une vision assez moderne de la médecine du travail ?
Je pense que tous les jeunes médecins du travail partagent cette vision et ont à coeur de dépoussiérer la spécialité, non seulement auprès des étudiants en médecine mais également des entreprises. J'aime aller à la rencontre des employeurs pour leur détailler nos missions, leur expliquer que nous faisons de la prévention. La clé, c'est la communication. Les entreprises sont demandeuses d'informations, elles veulent comprendre. Quand on leur apprend qu'au-delà du suivi des salariés, nous pouvons conduire des actions sur le milieu de travail, grâce à une équipe pluridisciplinaire, les clichés sur la médecine du travail s'effondrent.
Pourriez-vous décrire une journée type de médecin du travail ?
Je préfère parler de semaine type. En effet, une semaine de médecin du travail se partage souvent entre les consultations et ce que l'on appelle le tiers temps. En ce qui me concerne, j'effectue ainsi trois demi-journées de tiers temps par semaine, durant lesquelles, je me rends en entreprise ou bien m'occupe de gérer l'administratif.
Quels changements ont été apportés, dans votre activité, par les dernières évolutions législatives ?
La "loi Travail" et le décret relatif à la "modernisation de la médecine du travail" ont modifié les périodicités maximales pour le suivi des salariés sans risques particuliers, ce qui peut permettre de dégager plus de temps pour les visites dites "compliquées". Mais finalement, les changements sont surtout visibles au niveau des intitulés, notamment pour les documents que l'on remet aux salariés. Au début, les entreprises n'ont pas compris pourquoi il n'y avait plus systématiquement de "fiche d'aptitude". Là encore, l'important est de communiquer, d'expliquer.
Pour plus d'infos sur le métier de médecin du travail
La médecine du travail est une spécialité choisie après 6 années d’études de médecine qui nécessite 4 années supplémentaires de formation pour obtenir le DES, Diplôme d’Etudes Spécialisées en Médecine du Travail.
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